Mairie de Blangy-le-Château - Normandie - Pays d'Auge
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Le château et la légende de Claire au bracelet d’or

Au début du 14ème siècle, le Comte de Hoyes, le bon Robert, comme on l’appelait dans la contrée, occupait le Château avec sa femme Bertrade et Gaston, bel enfant de 2 ans, unique héritier de la famille, doué d’une imagination vive et d’une intelligence précoce.

legende1Il faisait les délices de sa famille et surtout la joie de son vieux père.
Bertrade, qui craignait qu’une jeunesse orageuse ne vint troubler les heureux instincts de la nature dans cette âme candide et pure, confia son éducation à un digne prêtre du lieu …
Pour son malheur, la Providence devait réserver à Gaston une terrible épreuve.
L’année 1348, avec son double et douloureux cortège : peste noire et occupation étrangère, allait couvrir d’un long deuil notre belle province. Le bon Robert allait mourir le premier, et 2 mois plus tard, Bertrade allait rejoindre celui qu’elle avait tant aimé sur la terre. Désemparé, Gaston quitta Blangy pour se rendre à Paris y achever ses études. Il ne devait revenir au Château qu’à sa majorité. Hélas ! bien vite, les voisins s’aperçurent que le fils du Comte avait bien changé : on ne parlait plus que des orgies se déroulant dans un pavillon du Château.
A peu de distance de là, vivait une jeune fille d’une rare beauté et d’une conduite exemplaire. Elle s’appelait Claire. Gaston avait, en vain, épuisé près d’elle toutes les séductions. Ne pouvant réussir à toucher son cœur, et connaissant son goût pour le luxe et les parures mondaines, il lui avait alors présenté un bracelet d’or magnifiquement ciselé appartenant à sa mère. Claire ne put résister à la vue de ce bijou et accepta le présent. Elle oubliait que trop souvent légende 2quand une jeune fille accepte les présents d’un jeune homme, elle est bien près de payer la valeur du cadeau aux dépens de son bonheur. Elle devint donc, elle aussi, une habituée du Château.
Un jour, elle était allée, comme à l’ordinaire, rejoindre le jeune homme au Château. La chaleur était excessive, et, çà et là, paraissaient de gros nuages cuivrés.
La nuit précédente, les habitants avaient entendu, avec effroi, l’aboiement des chiens et le cri lugubre de la chouette. On était alors aux mauvais jours de l’occupation anglaise et la misère publique était si grande que les routes et les chemins étaient infestés de brigands.
Quelques-uns n’hésitaient pas à venir jusque dans les bourgs pour piller à mains armées. C’était, ce jour-là, le tour de Blangy. Une heure après le coucher de soleil, on entendit dans différentes maisons des appels au secours. Un autre spectacle n’allait d’ailleurs pas tarder à effrayer les malfaiteurs eux-mêmes. Le tonnerre roulait, le ciel était de feu. Tout à coup, une lueur jaillit dans la nuée et couvrit le Château : un fracas épouvantable répondit aux éclats de la foudre et un violent incendie éclaira le village.
En quelques instants, le Château fut presque entièrement consumé. On chercha, en vain, le propriétaire du Château, il avait disparu …

Mais Claire ? Nul ne put en avoir la moindre nouvelle.

legende 3Seulement, le soir, quand une femme attardée était obligée de passer dans le chemin qui longeait les restes du Château, une jeune fille vêtue de noir et foulant aux pieds les restes d’un bracelet, apparaissait à l’angle de la tourelle et accompagnait la voyageuse jusqu’à l’extrémité du mur, répétant inlassablement :
« Femme que mes souffrances te servent de leçon »
L’apparition dura, dit-on, jusqu’aux guerres de Religion, époque à laquelle les Protestants achevèrent de brûler de Château. Mais, longtemps encore après, on parlait de la Légende de Claire, « La Fille au Bracelet d’Or ».